Bellzouzou, Pensées profondes, livre XIII verset 126:
"Un blog, ce n'est pas ce qui vous arrive. C'est ce que vous choisissez de dire de ce qui vous arrive, et comment vous le dites."

Bellzouzou, Pensées profondes, livre XXIV verset 777:
"Tout est vrai, seul le reste est (peut-être) faux."

samedi 7 avril 2018

Où je donne leur chance aux livres.

L'autre jour, le coeur vaillant, je m'en fus (si je veux) à la médiathèque de mabonnchartrescityville pour faire prolonger le prêt d'un bouquin. L'affaire ne me paraissait pas bien compliquée (beaucoup moins qu'elle doit te sembler inintéressante, en tout cas). Or elle le fut. (dingue, ce suspens, non?)
Au prétexte que le prêt avait déjà été prolongé une fois, la bibliothécaire m'annonça qu'elle ne pouvait pas prolonger plus longtemps, c'était comme ça, c'était le règlement, il fallait s'y plier. Même si personne ne l'a réservé derrière moi? demandai-je. Même si. 

(Petite parenthèse pour que tout le monde comprenne bien: on doit se demander à cette étape-là du récit, pourquoi diantre je ne file pas abridabatu chez mon libraire acheter le bouquin, si j'en ai tellement besoin et de façon si prolongée, plutôt que de mendier auprès de ma bibliothécaire comme une pauvresse. Parce que c'est un bouquin d'étude de texte pour Minipuce parmi un milliard d'autres et que je serais ruinée asteure si j'avais dû tous les acheter, je me suis par conséquent contentée de lui acheter ceux qui n'étaient pas (trop) chiants (entreprise très subjective, je vous l'accorde), et j'ai décrété (de façon parfaitement arbitraire, si vous voulez) que celui-ci l'était (et sans vouloir me vanter, ça a depuis été confirmé par Minipuce.)

Maaais, insistai-je, si personne ne le réclame (vu qu'il est bien chiant) et puisque ça ne dérange à priori personne que je le garde (à part vous, bien sûr), je peux peut-être le garder, non? Enfin, je veux dire: je le rends, mais je le reprends tout de suite, voyez? Voire, soyons fous, je l'emprunte sur la carte d'un autre membre de la famille?
Noon madame, c'est notre politique, il faut le remettre en rayon, il faut lui laisser une chance.

(Parfois, j'ai l'impression de jouer dans un film, pas vous?)

J'ai donc fait semblant de renoncer, attendu planquée derrière un poteau que mon bouquin remonte sur un chariot par l'ascenseur jusqu'au cinquième étage, puis qu'il soit remis en rayon (heureusement que j'avais mon album de photos de Mads nu sur moi (l'album, hein) pour passer le temps), puis j'ai bondi de derrière mon poteau et je l'ai ré-emprunté triomphalement auprès de la bibliothécaire du cinquième, qui n'y a vu personnellement aucune objection.

Ethan Frome, tu as eu ta chance, sache-le.

20 commentaires:

  1. Pour avoir eu la chance de fréquenter les bibliothèques du réseau montréalais (j’expliquerai ce qu’est un réseau de bibliothèques le moment venu, sachons seulement que ni la préposée de Chapsal, ni le monsieur chaussé de savates de François-Villon, ni la gracieuse agente incrustée sur son siège derrière le comptoir de prêt de telle autre bibliothèque parisienne n’ont semblé intercepter le sens du terme « réseau »).
    Voici donc comment fonctionne une bibliothèque du Nouveau Monde : d’abord on vous invite à vous inscrire, on vous fait visiter les lieux, on vous explique les fonctionnalités, on vous expose les services et tout ça avec le sourire parce que la première compétence attendue d’un•e employé•e, c’est de vous accueillir et de vous aider à trouver ce que vous êtes venu chercher. Mettons que vous ayez besoin de conserver un livre au-delà du délai : vous renouvelez l’emprunt. Vous n’avez pas vu passer la date vu que le bouquin en question se lit moins vélocement qu’un prospectus Lidl, pas de souci, vous pouvez re-renouveler si aucun•e autre usager•ère n’a souhaité se familiariser comme vous avec Guerre et Paix.
    Vous ne vous déplacez jamais sans le petit carnet contenant vos « to read list «, relevé des lectures recommandées par les copines, préconisées par les éminences de Témérama, du Masque et la Plume et de Silence ça pousse, convaincue que la vie ne vaut pas d’être vécue si vous ne les avez pas TOUS lus. Las ! Vous avez beau sillonner les allées et scruter les rayons, pas moyen de mettre la main sur le dernier Ono-dit-Biot tant convoité. Crotte. Que faire? Vous pourriez vous ruer sur le catalogue accessible sur n’importe lequel des dizaines d’engins disséminés ici et là, mais vous êtes enceinte•e, vieux, analphabète ou vous avez la flemme. Vous interrogez donc la personne dont le travail (outre les mêmes mille tâches que celles qui occupent le personnel des établissements cités plus haut) est de vous accompagner avec le sourire dans votre quête et de s’assurer qu’elle sera couronnée de succès. Pas moyen: l’objet de votre frénésie ne figure pas au catalogue de cette bibliothèque mais gît en ce moment-même sur quelque étagère d’une bibliothèque située à l’autre extrémité de la ville. Qu’à cela ne tienne ! L’hôtesse qui met un point d’honneur à satisfaire votre pressant désir ne saurait souffrir que vous endurassiez la tempête de neige qui ensevelit la ville. Avant deux jours, le livre sera donc sollicité, prélevé, acheminé et retenu dans cette même bibliothèque où vous êtes en ce moment (au chaud et au sec).
    C’est ça un réseau. Et comble du fin de la cerise onezekèke, vous n’aurez pas à braver les éléments furibonds pour restituer le Précieux. Eeeeeeh non, vous n’aurez qu’à le déposer à l’endroit de votre choix, là où vous l’avez emprunté ou dans n’importe quelle autre bibliothèque.
    Tout ceci, j’ai essayé de le représenter à la personne qui me disait que non, non, pas question de faire venir le DVD « Lagardère » ni la version du « Bossu » qui me manquent pour ma séquence prévue avec mes 6ème. Il a donc fallu que je consacre un samedi aprèm à courir d’une bibliothèque à l’aitre pour y emprunter mes 3 maudits DVD, et rebelote un autre aprèm pour les rendre.
    Je pourrais épiloguer en évoquant la hyène hargneuse assise sous un panneau « accueil du public » et qui déployait une belle énergie statique à ne rien percevoir de la personne plantée devant son comptoir (ni la silhouette, ni les appels au secours, ni la posture de yogî).
    Pour info, l’Ono-dit-Biot (« Croire au merveilleux ») jje suis bien contente de ne l’avoir pas acheté. Je tiens à l’estime de mon libraire.

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    1. Merci, chère Isabelle, je vous décerne, (je me permets de vous vouvoyer), la palme d'or du commentaire, en qualité et en quantité, revenez quand vous voulez!
      [et les autres: PRENEZ-EN DE LA GRAINE! ;-) ]

      Les bibliothèques de Chartrescitymaville fonctionnent également en réseau. Paraît-il, hein, parce qu'il faut aller chercher les livres à la bibli de l'autre côté de la ville, si c'est là-bas qu'ils se trouvent... il faut aussi les rendre là-bas ensuite, mais j'ai mis au point toute une stratégie (copyright zouzou) pour les rendre là où c'est plus pratique pour moi, héhé, stratégie dont l'efficacité (redoutable) s'est améliorée au fil des années et que je tiens à disposition de tout(e) Chartrain(e), désireux(se) de devenir hors-la-loi des bibliothèques, comme moi.

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    2. Oh ben, je ne savais pas que l'on concourait ici bas pour une palme quelconque.
      Vu que j'ai bien du mal à prendre quelque graine que ce soit étant donné mon âge avancé, tant pis, je vais continuer mes commentaires basiques dans ce genre : bravo Bellzouz pour cet article et ta façon imbattable de nous faire vivre tes aventures, j'ai a-do-ré et re-relu pour encore mieux apprécier !!!
      Ma question à ta bibliothécaire légaliste : est-il préférable de donner leur chance aux livres ou aux lecteurs ? (Elle a 3 heures)

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    3. Lililou, à toi la palme de l'assiduité et des bisous, en sus!

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    4. Oh c'est trop la classe cette palme, j'en rosis d'émotion !
      Merci pour cette distinction et bisous itou.

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  2. Oh que j'ai bien rigolé en te lisant ! J'ai si bien rigolé que j'en ai mal derrière les joues ;)
    F.C

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  3. C'est vrai que "Ethan Frome", alors que j'ai adoré TOUT ce qu'a écrit Wharton, Ethan Frome donc est assez ennuyeux, je n'ai jamais compris pourquoi... Pour le reste, nous aussi, à Angers, nous fonctionnons comme à Montréal apparemment, la neige en moins toutefois....

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    1. Ah ben si tu n'aimes pas, n'en dégoûte pas les autres, Magali! ;-) je me disais justement, un peu honteuse d'avoir écrit des méchancetés sur un livre que je n'ai pas lu, que si ça se trouve il était bien, et qu'il faudrait que je prolonge l'emprunt pour le lire et en avoir le coeur net! ;-)

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  4. Dans ma campagne profonde, j’ai la chance de bénéficier d’un réseau de toutes petites bibliothèques dans 5 communes (si petites qu’une bibliothécaire n’a même pas un temps plein avec toutes les permanences sur 4 des communes !)
    Dans la 5e commune, une petite ville (pas bien grande : avec un seul feu rouge, c’est dire !), le charmant et dévoué bibliothécaire transporte ses petites caisses d’un village à l’autre avec nos réservations.
    Quand je lui ai demandé si ça ne l’agaçait pas de les transporter, ses petites caisses, avec 3-4-livres dedans (dont 2 ou 3 pour moi), il m’a assuré de la fierté qu’il ressent à « transporter la culture ».
    Si ça ce n’est pas un bibliothécaire de rêve !
    PS : Comme quoi l’efficacité en toute chose ne tient pas forcément à la taille de la dite chose.

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    1. J'aurais pas dit mieux, (surtout quant au lien entre l'efficacité et la taille de la chose, tu penses) ;-)

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  5. Mais quelle duplicité Bellzouzou ! Et pour emprunter un bouquin chiant en plus ! Qu'est ce que ce serait si en plus il te plaisait ?

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  6. D'où l'intérêt de ne pas savoir lire, finalement.

    Delphine

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  7. Ah ben si le règlement, c'est le règlement, tu as bien fait de le respecter... (Et de récupérer le bouquin illico presto, au nez et à la barbe de cette rébarbative personne.)
    Je redoute un peu le changement qui ne manquera pas d'intervenir dans notre médiathèque suite à la fusion avec une commune bien plus grande. Déjà, il paraît que le site va fermer, et qu'on va en ouvrir un autre ailleurs (je me demande bien pourquoi). Les employées ne sont pas certaines de retrouver un poste. Alors qu'elles connaissent bien les usagers, surtout ceux qui viennent toutes les semaines comme nous. Ca nous permet de signaler des manques (dites, vous n'avez pas le tome de trois de cette trilogie? et hop, on nous le commande!) et de rendre parfois les DVD en retard sans nous faire gronder.

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  8. Dans notre réseau, on a le droit de prolonger une fois 4 semaines et une fois 2 semaines encore, si personne n'a réservé derrière, avec une semaine de retard gratuit encore… ça laisse le temps de lire tout Victor Hugo. En revanche, quand ma benjamine a oublié de rendre un magazine, si longtemps qu'elle a eu une amende, eh ben toutes les cartes de la famille ont été bloquées (c'est comme ça que j'ai su qu'elle avait un emprunt en retard). Depuis j'ai demandé que mes jeunes étudiants majeurs soient "détachés bibliothécairement" (bien que rattachés fiscalement) parce que ça les a un peu pénalisés, cette histoire !

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  9. As-tu pensé à soudoyer la bibliothécaire, une semaine de prolongement contre un coup d’œil sur Mads nu ? Rien de mieux que les albums cachés pour soigner l'aigritude et le réglementarisme...

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  10. Bien joué, la zouzou!

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  11. bah maintenant les bouquins , on les trouve partout gratos alors les mesquineries de blbliothèque

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