Au rock, mon ours et moi, on fait d'une pierre deux coups, on révise le programme de maternelle: on fait travailler nos 5 sens. Oui, tout le programme de moyenne section en accéléré sur une heure et quart.
La vue first:
On change de partenaire sans arrêt, c'est ça qui est bien.
Sous les yeux exorbités façon Tex Avery de mon ours dansent les décolletés et même tout ce qu'il y a dessous, ce qui n'est pas pour lui déplaire, je le sais, bien qu'il fasse l'innocent. Je le connais, avec son air de pas y toucher. Saint- Nitouche, va.
Sous mes yeux à moi (que je me force à garder ouverts pour ne rien vous cacher) ce serait plutôt la gourmette en argent marquée "Guy-Pierre 25/11/44" en argent, l'immonde touffe de poils noirs dépassant de la chemise, les auréoles sous les bras de chemise.
L'odorat of course: Il y a les partenaires parfumées haut de gamme(chanelnumberfive), ou -passe encore- les parfumées au rabais (déo marque repère d'EdouardL), mais pour moi, comme par hasard, ce serait plutôt les parfumés 100%naturel (vouiiiiii, c'est ma vraie sueur que vous sentez là) et les parfumés qui schlinguent leur poids (odeur dromadaire du désert).
Comme on danse de très près et qu'on est des gens civilisés magré tout, on est parfois tenté de faire la conversation. Fatale erreur. Sauf si vous aimez recevoir de plein fouet les postillons de votre cavalier et les relents fétides d'haleine de ragondin.
Quant aux effluves libérées par certains encrassés du côlon, allez, je vous les épargne. C'est bien parce que c'est vous.
Very important, le toucher:
- de mains sales, froides, moites, calleuses, et même parfois poisseuses (oui, oui, ça paraît incroyable mais ça s'est vu).
- de bedaines: au rock, faut accepter le contact, hein, pas moyen de faire autrement, surtout quand le prof prend sa baguette en criant: "serrés, on danse serrés !!!"
- de reins: oui, vous avez bien lu. Au cours de certains mouvements, la cavalière doit effleurer le bas du dos de son cavalier en tournant autour de lui. Il s'agit là d'un acte très sensuel. Sauf que c'est plus souvent boudins de graisse et autres poignées d'amour (ou bien des côtes saillantes, c'est selon) que je tâtonne, moi.
- de seins: il s'agit d'un petit toucher futé, discret, furtif, ni vu ni connu, est-ce du lard ou du cochon, genre: Arno- les- gros -sabots te touche les seins pendant un changement de place tellement vite fait bien fait j't'embrouille que tu te demandes si c'était volontaire ou non, limite si tu deviens pas un chouia paranoïaque. Tout un art, moi je dis.
Enfin, last but not least, l'ouïe. Faut quand même avoir le palpitant bien accroché pour supporter" L'amour c'est comme une cigarette/ Ça brûle et ça monte à la tête /Quand on ne peut plus s'en passer /Tout ça s'envoooooooole en fumée..." Vous aurez remarqué qu'on a la B.O qu'on mérite: pas question pour nous de rocker sur du Bill Haley, c'est proprement inenvisageable, du moins tant qu'on confondra encore la troisième sortie du premier degré avec la cinquième sortie du second. Non mais.
Heureusement que pour finir, things are taking a turn for the better, il y a le goûter. C'est en pensant à lui qu'on endure tout le reste.
Ca se passe strictement entre mon ours et moi... Comment vous dire?
En rentrant du rock, mon ours et moi sommes si contents de nous retrouver que nous sommes plus amoureux que jamais.
(Mon ours, qui lit par-dessus mon épaule comme d'hab', me suggère du ton bourru que j'aime tant car il fait tout son charme, de préciser que " c'est bien le seul jour de la semaine".)