(* Je suis fonctionnaire de l'Education Nationale, si je veux je jargonne à mes heures perdues également.)
Ce matin, je suis allée faire refaire ma carte d'identité.
Ce matin, je suis allée faire refaire ma carte d'identité.
Ou plutôt, je suis retournée à la mairie, parce que quand j'y étais allée la dernière fois pour chercher le dossier à remplir, après m'avoir fait attendre un certain temps, on m'avait donné rendez-vous pour dans quatre mois et encore j'avais de la chance il paraît: je m'y prenais tôt.
Avoir rendez-vous à 10 h 15 ne m'a pas empêchée de faire la queue pendant une heure avec tout le monde en vrac (j'entends: pas de ticket, chacun s'assoit comme dans une salle d'attente, les gosses vont et viennent, il y a juste à côté une file d'attente pour acheter ses tickets de bus et les gens se mélangent se confondent, on ne sait plus qui était là avant qui que quoi qu'est-ce, et tout le monde se regarde par en-dessous la frange en soupirant) (il fait très chaud, en plus), mais j'avais mes photos de Mads nu sur une peau de bête, celles que je sors seulement dans les moments difficiles, (tu sais bien).
Au moment où enfiiin (c'était mon tour, je me suis levée comme un ressort) j'atteignais un des quatre guichets, je me suis entendu aimablement dire, que ça n'était pas avec lui (ce fonctionnaire-là à ce guichet-là) que j'avais rendez-vous, je n'étais pas sur sa liste. Mais alors avec qui ai-je donc (l'honneur d'avoir) rendez-vous lui demandai-je, au moins aussi aimablement (tu me connais)?
Ben je sais pas (faisant un geste vague du bras vers la gauche) avec un de mes collègues d'un autre guichet. (Alors. là. mon. petit. bonhomme.) (si tu t'imagines que je vais me retaper une heure de queue pour atterrir de nouveau devant un guichet qui ne sera hypothétiquement toujours pas le bon)
Ben je sais pas (faisant un geste vague du bras vers la gauche) avec un de mes collègues d'un autre guichet. (Alors. là. mon. petit. bonhomme.) (si tu t'imagines que je vais me retaper une heure de queue pour atterrir de nouveau devant un guichet qui ne sera hypothétiquement toujours pas le bon)
- (comprenant que j'étais courroucée) Je vais voir si mes rendez-vous prévus sont là, et s'ils n'y sont pas (grand seigneur) je vous prends! (depuis UNE HEURE que j'attends, personne n'a été appelé, ni par lui ni par personne, hein! je le sais: j'étais là, j'attendais. Et pourtant, il consulte un listing (?) et appelle: Madame Machin?? (personne) Monsieur et Madame Trucmuche? (personne)).
Il s'occupe de moi, donc. J'en ai de la veine, hein? (c'est moi qui te demande, hein, il était pas du genre à rigoler)(il était moche, en plus, mon dieu qu'il était vilain)(mais je vous aurais jamais dit ça, -je l'aurais même déjà oublié- s'il n'avait pas été si désagréable, aussi)(bref, c'est sa faute).
- (avisant ma carte d'identité, qui arrive tout juste à expiration) aaaah ça, mais pourquoi vous voulez la refaire, votre carte?? (me parlant lentement, comme à une demeurée) mais elle est encore valable CINQ ANS, votre carte, la date de validité a été prolongée, sauf pour les gens qui partent à l'étranger!
- Ah ben tiens, je vais partir à l'étranger, justement! c'est peut-être pour ça qu'il faut que je la fasse refaire.
- (suspicieux) ah oui? vous avez une preuve, que vous partez à l'étranger?
- Aucune. Mais vous pouvez me croire, je m'attends à ce que Mads m'invite à Copenhague dans les heures qui viennent.
- Vous croire, ça suffira pas. A la Préfecture, ça passera pas, ils refuseront de vous la faire, votre carte. Il me faut une preuve, un billet d'avion par exemple. Ou une attestation sur l'honneur.
- Aah mais je vous la fais tout de suite, donnez-moi une feuille! (s'il vous plaît)
Grand seigneur petit Jésusse, j'ai dû faire une attestation sur l'honneur selon laquelle j'allais bien à l'étranger* cet été. J'ai eu un petit moment d'hésitation avant d'indiquer le pays où je partais, mais j'ai mis Danemark, tu penses bien, je suis superstitieuse, moi.
(* Echangiste comme je suis, je suis certaine de partir à l'étranger cet été, comme chaque année depuis longtemps. Mais où précisément, je l'ignore, c'est le jeu du trocmaison, l'occasion qui fait le larron. Mais je ne suis pas entrée dans les détails, ce n'était pas la bonne personne pour parler échange, de toute façon.)
Il lui a fallu ensuite très looooongtemps pour vérifier mes trois pauvres papiers, attestation de domicile et photo conforme, puis pour scanner l'ensemble, mais ça m'a au moins permis de comprendre pourquoi on attendait si longtemps tous en vrac dans la salle d'attente à se regarder par en-dessous la frange en soupirant. Il a fini par me libérer. En m'annonçant presque triomphalement que ma carte serait prête dans trois semaines environ, et qu'on m'en avertirait. Que si on ne m'avertissait pas, il fallait que je m'en préoccupe, c'est qu'il y aurait eu un problème. Un problème? oui, ça arrive quelque fois, avec la Préfecture on ne sait jamais, il m'a dit, et je vous jure qu'il avait l'air content de me dire ça, son sourire à 1 € 99 en témoigne.
[Et pour finir sur une note plus guillerette et avec quelqu'un qui en vaut la peine, mon vieux père Bellzouzou l'aïeul, l'Etourderie sur pattes (depuis quelques jours, il a perdu ses lunettes, qu'il a toujours sur le nez, dans son bureau, il n'en est pas sorti de la journée) qui m'envoie un mail avec (entre autres choses), cette phrase qui restera dans les annales, à n'en point douter.
"Comment vont ta chatte et mon gendre?"