Joli weekend prolongé de Pentecôte que traditionnellement j'essaie toujours de passer loin de Chartrescityville vu que des fous de Dieu défilent en hordes sauvages et sur les genoux jusqu'à la cathédrale pour leur pélerinage annuel en hurlant pire que des hooligans sous mes fenêtres. J'étais là, donc, cette année, mais j'ai soigneusement sélectionné mes endroits pendant trois jours pour ne pas faire de mauvaise rencontre. A Paris avec Puceminus d'abord pour une très chouette journée d'annive, au bric à brac, au ciné (je voulais absolument voir Jeanne du Barry, et finalement je m'en serais bien passée, le film ne casse pas trois pattes à un canari, le seul intérêt selon moi c'était Johnny Depp qui meurt de la petite vérole, ça n'arrive pas tous les jours, hein), à la terrasse d'un café avec copine F. (les fous de dieu ayant privatisé toutes les terrasses de tous les cafés autour de la cathédrale, nous nous sommes éloignées d'eux le plus possible et pourtant le croirez-vous? ils ont trouvé le moyen de glisser un flyer dans le panier de mon vélo m'enjoignant à assister à l'université d'été des fous de dieu, comme si j'avais une tête à ça d'une part et rien d'autre à foutre de l'autre, voyez s'ils sont dingues, doujézu.)
A part ça, je crois que je me suis bien couverte de ridicule hier soir quand j'ai appelé le refuge pyrénéen où l'Ours-mon-mari et Brisefer-mon-fils passaient la nuit. Entendons-nous bien: cette année, vu qu'ils sont partis tous deux ensemble, j'avais décidé de ne pas suivre pas à pas la randonnée ni d'appeler tous les soirs pour savoir si l'Ours était bien arrivé (genre: il est quand même hautement improbable qu'ils tombent tous les deux ensemble et en même temps dans un ravin, non?) Bref, ils m'avaient donné pour info leur plan de route, le nom du refuge où ils dormaient chaque nuit, mais juste en cas de souci et de souci il n'y aurait pas et basta, je dormais sur mes deux cliquettes. C'était sans compter Bellzouzou l'aïeule et Minimignonne qui tour à tour m'ont fait culpabiliser dimanche soir en me disant, pour l'une, que quand même je n'avais pas juste appelé au moins une fois pour voir si tout allait bien et qu'il pleuvait beaucoup dans les Pyrénées elle avait entendu dire, et pour l'autre, que c'était bizarre quand même que le téléphone de Brisefer quand elle appelait, bascule immédiatement sur la messagerie. Bref, on m'a bien fait sentir que j'étais deux en un une mère et une épouse indigne, je me suis donc résolue à appeler le refuge de dimanche soir du fin fond de l'Ariège profonde (le fond du fond, donc), avec l'intention de faire ça vite fait bien fait et en toute discrétion.
"- Allô? le refuge du fond du fond de l'Ariège profonde? Je sais bien que vous êtes bien occupés (j'entends en arrière fond des bruits de couverts, c'est l'heure du dîner là-bas, on mange tous ensemble à une grande table, très tôt et on se lève aux aurores)(et en plus, on n'aime pas du tout du tout répondre au téléphone, vu qu'il n'y a pas de réseau et qu'on utilise parcimonieusement une radio-téléphone réservée aux secours), je suis Madame Bellzouzou (oui, la folle qui vous appelle tous les ans, et cette année j'aurais pu m'en passer, d'accord d'accord, mais on m'y a contrainte, vous m'en voyez désolée), je voudrais juste savoir si mon mari et mon fils, [l'Ours] et [Brisefer], sont bien arrivés chez vous ce soir et si ça va bien?
- ah, je vais voir, quittez pas! (il appelle à la cantonnade, très fort) [BRISEFER]!, [l'OURS]!
- (j'entends la voix de mes fils et mari à table) oui??
- CA VA? C'EST VOT' FEMME ET VOT'MERE QUI DEMANDE!
- (éclat de rire général de la tablée) (j'entends les deux répondre en même temps) ah oui, ça va!
- eh ben vous voyez: ça va! "
Et sinon, toi, ça va aussi?