Une cocotte, qui revient avec la mascotte de la classe après le weekend qu'elle a passé chez elle:
Bon tu sais maîtresse, ça s'est tout bien passé, sauf que Loup a eu très mal aux oreilles parce que papa et maman ils se sont criés très très fort, mais après Loup il a plus eu mal aux oreilles parce que papa il est parti dormir chez tata Magali
(l'autre version de *Je retourne chez ma mère!*).
Un père d'élève à son fils de quatre ans à l'heure de la sortie: Ah, tu boudes, tu pleures, tu fais une colère, tu n'es pas content que je sois venu te chercher après l'école parce que tu préfèrerais aller à la garderie comme tous les soirs, pauvre chéri?! bon ben je m'en vais et je reviendrai te chercher plus tard, mais tu pleureras pas quand je reviens, hein, d'accord?d'accord?
Variante: une maman à la maîtresse: vous savez vous, pourquoi elle pleure en me voyant? elle dit qu'elle veut que ce soit son papa qui vienne la chercher, je la connais elle ne voudra pas céder: vous croyez que je peux vous la laisser cinq minutes, le temps d'appeler le papa pour qu'il vienne?
(C'est moi ou on s'enfonce de plus en plus le cul dans les ronces?)
[Côté lecture, je viens de finir Yoga d'Emmanuel Carrère. Comme chaque fois avec lui, c'est une lecture qui exige qu'on s'y consacre entièrement, qu'on soit pleinement "dedans", d'autant qu'elle part un peu dans tous les sens, et qu'il y est question de méditation (sujet qui ne m'intéresse pas beaucoup, à priori) à laquelle Carrère relie tout, son stage de yoga intensif du début du livre mais aussi sa dépression sévère et son internement en psychiatrie, les attaques contre Charlie Hebdo, son séjour sur l'île de Leros pour travailler à des ateliers d'écriture avec des migrants, sa (très belle) furtive et secrète histoire d'amour, sa bipolarité, son lent retour vers la vie.
Comme les troubles bipolaires dont il parle, comme le yin et le yang dont il parle aussi, je me suis à la fois un peu ennuyée (au début surtout: les différentes pratiques du yoga, la respiration, Alex et Alain Térieur, j'inspire j'expire et quel effet ça fait sur mes narines, ah oui, bof), et ça m'a plu beaucoup, selon les pages. Et puis son écriture a quelque chose de poétique, au delà du fait qu'il (ré)cite un certain nombre de poèmes, et quand à la fin du livre il dit qu'il ne lit presque plus que de la poésie, on se dit Ah oui.
On a l'impression de bien connaître Carrère et de le découvrir à chaque fois. Il nous insupporte souvent, avec son je mon ego ma vie mon oeuvre et moi même, mais il le sait il en parle il en souffre, on ne peut pas lui en vouloir.
Et pour finir, je suis toujours aussi surprise quand les livres se mêlent de façon si nette à la (ma) vie, ici d'apprendre que Carrère tremblait, enfant, en écoutant l'histoire de La chèvre de Monsieur Seguin racontée par Fernandel chez le Petit Menestrel au point de s'en souvenir encore, de la même façon que je tremble encore en lisant ces mots page 198 " Et au matainnng, le loup la mannngea".]
Edit (eh dites!): comme je ne dors plus la nuit depuis que je me suis souvenue de la chèvre de M. Seguin (pauvre de moi), j'ai fait ma petite enquête, et il s'avère que, comme il se trouve que je suis (beaaaucoup) plus jeune qu'Emmanuel Carrère, j'ai eu droit, non pas à la version de Fernandel, qu'en fin de compte je crois n'avoir jamais entendue, mais à celle de Galabru (qui ne peut qu'être encore pire encore, vous pensez bien).