Ma toute petite, ma dernière née vit loin de moi et déjà vole de ses propres ailes. Ma toute petite, ma dernière née a quitté la maison.
Il y a eu la séparation cet été, comme un avant goût de ce qui nous attendait, une préparation avant le grand saut. Une répétition générale de la séparation, qu'elle soit plus facile, -moins difficile en tout cas-. Il y a eu les cris et les tensions comme pour aider à cette séparation, -se rendre insupportable avant de partir, pour soulager celui qui reste. Il y a eu ça, maintenant il n'y a plus rien.
Je songe à elle qui s'est si intimement fondue avec moi, que j'ai portée dans mes bras, nourrie, lavée, consolée, guidée, -supportée- .
Je songe à elle et je l'appelle. Je l'appelle pour pas grand chose, juste pour dire Je suis là. Pour lui dire Achète-toi des fruits, nourris-toi bien. J'entends sa voix qui me dit Tout va bien.
J'ai redouté ce moment où elle serait partie, et puis voilà, elle est partie, ma toute petite, ma dernière née.
Nos enfants ne sont pas nos enfants peut-être, -mais en attendant ma fille est ma fille-.
Ma toute petite, ma dernière née. Ma petite fille
tant aimée. Mon trésor, ma toute douce. Qui n'est pas mienne, qui est sienne. Qui est grande et belle et brille au soleil et qui s'en va.