* suite de La griffe mystérieuse, private joke familiale, que ne comprendra que mon père, j'en ai bien peur (bisous, mon père!)
Ma Mina-bête-féroce arbore, sur le ventre, une ravissante pelade aussi énigmatique que persistante. Si tu me crois pas, tiens: (éloigne les enfants et ta mère)
Enigmatique, parce que ma Mina, je me dois de le préciser, n'a rien ni d'une socio ni d'une psychopathe, elle est joueuse, joyeuse, affectueuse et filoute et adorable par ailleurs, jamais un mot plus haut que l'autre, qu'elle sort à volonté, chasse les souris, guette les oiseaux, a une bestie (Minouchette-bête-féroce). Bref qu'elle est, encore une fois, bien dans sa peau (j'ose.) Et persistante: deux ans qu'elle traîne ça, comme on traîne notre perplexité, le véto et moi.
Lui avance que c'est probablement le stress, (oui bon mais le stress de quoi vu que (lire plus haut)), et m'a conseillé des anxiolytiques (euh) ou de lui tricoter une petite culotte en attendant que ça passe (mais chais pas tricoteeeer, Docteur!). Bon: juste attendre que ça passe, donc.
Bref.
Mais l'autre jour, c'était jour de vaccin. Et véto remplaçant mon brave véto en vacances, une nouvelle chance d’avoir, enfin, peut-être, une réponse claire et définitive à la question :
—- Docteur, sauriez-vous me dire, vous, pourquoi ma Mina-bête-féroce est pelée et galeuse telle La tondue de Chartres en son temps?
(air de sage du Tibet, palpation de la bête, auscultation la zone sinistrée, secondes de réflexion intense)
- Elle se lèche trop.
AH. Sans blague, j'ai dû lui dire avec mes yeux, parce qu'il a ajouté humblement:
- Je ne sais pas.
Voilà. Avec ça, hein.
Et puis au moment où je le quittais, ma bête féroce sous le bras, il a eu comme une illumination et il m'a dit
— c'est peut-être dû à son alimentation: essayez les croquettes au saumon, peut-être? ça donne le poil beau.
(Mais ma Mina-bête féroce, elle n’aime que le pouleeet, Docteur!)
Et à part la pelade du chat, tu demandes? eh bien ma Bébézou mignonne, demain elle a six mois, je sais, c'est fou et je n'y crois pas moi-même. Je ne t'ai jamais raconté ça, je crois, mais il y a six mois presque pile poil, le soir de sa naissance, j'avais ma réunion de rentrée avec les parents d'élèves. Celle où on présente l'année sa classe ses projets sa façon de faire, celle.où.il.faut.un.peu.faire.bonne.impression, si tu vois ce que je veux dire. Brisefer ne nous avait plus donné de nouvelle du tout du tout de tout l'après-midi après nous avoir annoncé une naissance imminente à midi (remember), tout le monde s'était un peu inquiété par conséquent, Bébézou est née à 17h30 et la réunion commençait à 18. Je venais d'avoir enfin Brisefer au téléphone dix minutes à peine avant de faire asseoir les parents sur les petites chaises de la classe, je tremblais d'émotion, j'étais à la fois immensément fatiguée et surexcitée, j'ai oublié de me présenter aux parents, je n'arrivais ni à rassembler mes idées, ni à lire mes notes, mon téléphone n'arrêtait pas de sonner et chaque fois je me levais pour l'éteindre sans y parvenir. J'ai fini par dire que j'étais toute tourneboulée parce que j'étais grand-mère depuis même pas une heure, ça a détendu un peu l'atmosphère et (peut-être) rassuré les gens, j'ai mené cette réunion dans le brouillard (vraiment, comme dans un film) et dans les jours qui ont suivi, j'ai reçu des petites cartes de félicitations et du chocolat. Du chocolat il ne reste plus rien tu te doutes, mais les cartes sont au-dessus de mon bureau jusqu'à ma retraite (la Saint Glinglin, mais c'est une autre histoire).