Je m'aperçois, enfer et stupéfaction, que je suis partie fin juin, en pleine canicule, sans vous dire au revoir ni vous souhaiter les vacances bonnes, et sans vous dire de bien vous hydrater, je ne me l'explique pas, je ne suis pas si malpolite d'habitude, hein.
Cette grande vacance, c'était du Tarn joli (et chaud, mandieu mandieu), Castelnau de Montmirail, Gaillac, Cordes-sur-Ciel, Lautrec, et puis Albi, quelle merveille des merveilles cette ville, si ça n'est pas à Dinan, c'est là que j’emmènerai mon Mads finir nos vies loin du monde. C'était aussi toute la familleZou réunie dans la piscine autour de Bébézou (et ses trois dents), qui a trouvé le moyen d'attraper la varicelle (mais pas forcément dans la piscine, je veux dire) (rien qui puisse entacher son sommeil, son bel appétit, sa bonne humeur et sa mignonnerie, de toute façon), qui a fait coucou de la main à tout, gens et choses, poules et tuyau d'arrosage, tout le temps (et pas seulement dans la piscine) (un bel avenir de princesse d'Angleterre, si tu veux mon avis), a appris à faire du vent avec sa bouche en cul de poule et pfff pfff, et qui a fait ses premiers pas à quatre pattes (quand elle n'était pas dans la piscine, tu te doutes) et qui s'est endormie dans la poussette systématiquement pendant les balades avec toujours une rare élégance (flasque).
Ensuite, tu te doutes parce qu'on ne change pas une vacance qui gagne, ça a été de la Vendée sauvage. Avec toutenvrac des ventrachoux de la plage des glaces fondant plus vite que mes bonnes résolutions péda de septembre. Bébézou y a été le centre du monde de la famille élargie, a mangé du sable, pris son premier bain de mer et fait son baptême de bain du soir sur la terrasse dans le caravelle 500 orange et bleu familial, qui a l'hérédité dans la coque puisqu'il a connu, stoïque, tous les popotins dodus de la famille sur trois générations, du maillot de bain en laine de Papizou jusqu'aux couches dernier cri de Bébézou première, et qui flotte encore vaillamment, comme si de rien n’était, le brave.
Mais les vacances, ça a été aussi l'Ours qui a encore fait des siennes, vu qu'il faut toujours qu'il se fasse remarquer. Une fois rentré à Chartescityville figurez-vous qu'il s'est mis en tête de louer une nacelle verticale pour accéder au toit de la maison, pour poncer et vernir des poutres absolument invisibles de tout le monde sauf de lui dont il avait décrété qu'elles en avait un besoin absolument nécessaire et urgent, comme lui de cette nacelle, tellement plus pratique et surtout: tellement moins dangereuse que sa grande échelle. Ravi que le loueur qui ne lui ait pas réclamé son habilitation à conduire un engin pareil (habilitation que, tu te doutes, il ne possède pas), il s'est empressé de faire mumuse avec son jouet et de monter là haut illico presto. Comme j'étais sûre d'avoir la paix pendant un bon moment, je n'ai plus pensé à lui, et j'ai fait d'autres choses dans la maison, genre du repassage en musique, avec mon casque sur les oreilles (détail qui a son importance), jusqu'à ce que, haaaaaaaaaaan, stupeur et tremblements, je me retourne subitement pour voir mon voisin chez moi - un voisin au troisième degré, je dirais, du genre que je ne connais que de vue et à qui je n'ai jamais dit plus que bonjour-bonsoir-, mon voisin de l'autre côté de la rue, donc, là debout devant moi dans ma maison, qui me dit sans rire que Hééé, y a votre mari qui est coincé là haut! Il vous appelle depuis tout à l'heure mais vous répondez pas! Bref, l'Ours a passé un bon moment sur sa nacelle, entre le moment où il a beuglé mon nom dans le vide intersidéral, celui où le voisin a entendu ses cris, s'est décidé à venir voir ce qui se passait puis est entré me prévenir, et celui où le loueur de nacelles verticales est enfiiin venu changer la batterie défectueuse, il y a bien eu une heure ou deux, mais je lançais des cacahuètes à l'Ours pour le distraire et, étonnamment, il prenait la chose plutôt bien. Franchement, t'as vu? la nacelle, c'est quand même vachement moins dangereux que l'échelle, hein.
Bon, comme j'ai dit que ça suffisait les couneries, il a fait des confitures avec tout ce qui est tombé du prunier fou, qui a encore sévi. Quand on mange sur la terrasse, on reçoit des prunes sur la goule. Heureusement que c'est pas des noix de coco, on se dit à chaque fois.
Bref, les vacances, c'était bien chouette et si on pouvait éviter de regarder le calendrier tout de suite, ce serait pas mal. Mais bon: il paraît qu'on ne peut pas faire croire éternellement à son agenda qu'on est occupée à barboter avec Bébézou dans une bouée canard jaune au large de la Vendée.
[Post-scrotum: j'ai fait un peu descendre ma pile de livres en attente: Numéro deux de David Foenkinos, qui m'a beaucoup plu, La taille de nos seins d'Agnès Jaoui et Vous parler de mon fils de Philippe Besson, tous les deux se lisant vite et bien mais s'oubliant tout aussi vite, et Nous serons des héros de Brigitte Giraud, (toujours) très très (très) bien.
Et puis qu'apprends-je? qu'Henri Girard, accusé d'un triple meurtre (son père, sa tante et la bonne) en 1941 et dont Philippe Jaenada, en reprenant l'enquête de façon ultra minutieuse (et sur 643 pages!), a convaincu avec La Serpe ses lecteurs (par milliers) de l'innocence, avait avoué dans les années 70 sa culpabilité à sa fille. C'est bien lui qui avait fait le coup. Ah bah ça.]